Un lien entre émulsifiants et diabète de type 2 ?

Un lien entre émulsifiants et diabète de type 2 ?

Développement produit

Des chercheurs/ses de l’Inserm, d’INRAE, de l’Université Sorbonne Parie Nord, de l’université Paris Cité et du CNAM ont étudié les éventuels liens entre les apports alimentaires en émulsifiants et la survenue de diabète de type 2 entre 2009 et 2023 via l’analyse des données des plus de 104 000 personnes participant à l’étude de cohorte NutriNet-Santé. Les chercheurs ont évalué la consommation de ces additifs à travers des enquêtes alimentaires transmises aux participants tous les 6 mois.

Pourquoi de telles recherches ?

Entre 30 et 60% de nos apports énergétiques journaliers proviennent des aliments ultra-transformés. Par ailleurs, de nombreuses études épidémiologiques suggèrent qu’il existe un lien entre une consommation importante d’aliments ultra-transformés et un risque accru de troubles métaboliques dont le diabète.

Les émulsifiants (mono-et diglycérides d’acides gras, carraghénanes, amidons modifiés, lécithines, phosphates, celluloses, gommes et pectines) font partie des additifs les plus couramment utilisés en agro-alimentaire notamment dans les pâtisseries, gâteaux, desserts, yaourts, glaces, barres chocolatées, plats préparés etc dans le but d’améliorer leur apparence, goût, texture et leur durée de conservation.

Résultats de l’étude

L’exposition chronique aux différents émulsifiants était associée à un risque accru de survenue d’un diabète de type 2 notamment pour :

  • Les carraghénanes totaux et E407 : augmentation du risque de 3% par incrément de 100 mg / jour
  • Le phosphate tripotassique E340 : augmentation du risque de 15% par incrément de 500 mg/ jour
  • Esters d’acide acétyltartrique de monoglycérides et de diglycérides d’acides gras E472e : augmentation du risque de 4% par incrément de 100 mg par jour
  • Citrate de sodium E331 : augmentation du risque de 4% par incrément de 500 mg par jour
  • Gomme-guar E412 : augmentation du risque de 11% par incrément de 500 mg par jour
  • Gomme arabique E414 : augmentation du risque de 3% par incrément de 1000 mg par jour
  • Gomme xanthane E415 : augmentation du risque de 8% par incrément de 500 mg par jour

Certaines limites à l’étude ont pu être pointées du doigt par les chercheurs notamment la prédominance de femmes dans l’échantillon, un niveau d’éducation plus élevé que dans la population générale et des comportements généralement plus favorables à la santé parmi les participants à l’étude NutriNet-Santé. Dans tous les cas d’autres études devraient être menées pour établir un lien de causalité comme le précisent Mathilde Touvier directrice de recherche à l’Inserm  et Bernard Srour professeur junior à INRAE : « Ces résultats sont issus d’une seule étude observationnelle pour le moment, et ne permettent pas à eux seuls d’établir un lien de cause à effet. Ils doivent être reproduits dans d’autres études épidémiologiques à travers le monde, et complétés par des études expérimentales toxicologiques et interventionnelles, pour éclairer davantage les mécanismes liant ces additifs émulsifiants et la survenue du diabète de type 2. Ils donnent des éléments clés pour enrichir le débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs »,

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