Grande distribution : un acteur clé face aux enjeux de santé et de climat

Grande distribution : un acteur clé face aux enjeux de santé et de climat

Communication nutrition-santé

Le réseau Action Climat a publié mi-mai la deuxième édition de son évaluation des huit principales enseignes de la grande distribution en France (Aldi, Auchan, Carrefour, Coopérative U, Intermarché, Leclerc, Lidl, Monoprix).

Un levier incontournable pour une alimentation durable

Avec 78 % des ventes alimentaires réalisées en grande surface, la grande distribution joue un rôle important dans la transition alimentaire. À ce titre, les enseignes ont une double responsabilité :

  • Envers l’amont des filières, via leurs politiques d’achat (alimentation plus rémunératrice des producteurs) ;
  • Envers les consommateurs, en leur permettant l’accès à une alimentation saine et durable.

Des engagements affichés, mais des pratiques insuffisantes

Le rapport note une amélioration globale en matière de transparence, d’engagements et de plans d’action par rapport à 2023. Cependant, la mise en œuvre concrète reste insuffisante puisqu’elle reste en décalage avec les enjeux écologiques actuels et de santé publique. On constate notamment :

  • Une surreprésentation de la viande et des produits carnés ultra-transformés dans les rayons et les catalogues promotionnels.
  • Une offre végétarienne encore très faible : seulement 8 % des plats préparés sont sans viande ni poisson, un chiffre stable depuis 2023.
  • Ces pratiques sont en décalage avec les recommandations nutritionnelles actuelles, qui préconisent de limiter sa consommation de viande et de charcuterie, tout en augmentant sa consommation de protéines végétales.

Une réalité de santé publique préoccupante

  • Près de 49 % des adultes sont en surpoids ou en situation d’obésité en France
  • 72 % des Français ne consomment pas assez de fruits et légumes
  • Seulement 48 % des Français mangent des légumes secs chaque semaine (Santé Publique France en recommande une consommation au moins 2 fois par semaine).
  • 33 % et 66 % des Français dépassent les seuils recommandés pour la charcuterie et la viande rouge, avec une consommation individuelle moyenne de viande qui a doublé depuis les années 1950.

Les principaux enjeux de la transition vers une alimentation favorable à la santé sont donc de :

  • Consommer davantage d’aliments végétaux de qualité (fruits et légumes, légumineuses, fruits à coque, produits céréaliers complets) autant que possible biologiques
  • Consommer moins de produits trop gras, sucrés et/ou salés (généralement de Nutri-score D ou E), d’aliments ultra-transformés, de viande et de charcuterie, avec une consommation modérée de produits laitiers. En effet, les produits d’origine animale représentent 70 % de l’empreinte carbone de l’alimentation des Français.

L’évaluation du Réseau Action Climat

La grille de notation du Réseau Action Climat repose sur une quarantaine d’indicateurs portant sur :

  • La réduction des émissions de gaz à effet de serre
  • La transition vers le « moins et mieux » de produits d’origine animale et vers une alimentation plus végétale

Les résultats de l’étude montrent que :

  • L’ensemble des enseignes évaluées affiche des avancées en matière de transparence, de définition d’engagements et de formalisation de plans d’action.
  • Un écart significatif subsiste toutefois entre les intentions affichées et les pratiques commerciales : dans la grande majorité des cas, les objectifs de transition alimentaire et écologique ne sont que partiellement traduits sur le terrain.
  • Les rayons restent dominés par les produits carnés ultra-transformés, au détriment des alternatives végétales, encore insuffisamment présentes.
  • Des disparités existent entre enseignes

Les distributeurs jouent un rôle central dans la chaîne alimentaire, non seulement par leur capacité à orienter les pratiques de leurs fournisseurs, mais aussi par leur fort pouvoir d’influence sur les comportements des consommateurs. Cette influence s’exerce à plusieurs niveaux :

  • Par l’assortiment de produits mis en rayon
  • Par l’information fournie sur les produits (Nutri-Score, étiquetage bien-être animal, Planet-Score),
  • Par la mise en valeur des produits en rayon et en magasin
  • Par les offres promotionnelles, qui favorisent encore massivement les produits d’origine animale avec quatre fois plus de promotions que pour les aliments recommandés par le PNNS.

Un appel à une gouvernance partagée

Si les distributeurs doivent agir davantage, la transition alimentaire n’aura pas lieu sans les pouvoirs publics. Les distributeurs s’accordent sur la nécessité que l’État définisse un cap et un cadre clair en faveur de la transition.

Si les distributeurs doivent intensifier leurs efforts, ils appellent aussi à un engagement plus fort des pouvoirs publics pour encadrer et accélérer la transition.

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