Avis de l'ANSES sur les repères PNNS des enfants, femmes enceintes & allaitantes et des personnes âgées

Avis de l'ANSES sur les repères PNNS des enfants, femmes enceintes & allaitantes et des personnes âgées

Communication nutrition-santé

Le 25 Juin, l’ANSES a publié 4 avis d’expertise sur la nutrition des nourrissons, enfants & adolescents, femmes enceintes & allaitantes et sur les femmes ménopausées & les personnes âgées qui, du fait de leurs spécificités physiologiques doivent avoir une alimentation adaptée à leurs besoins.

Tout d’abord, l’allaitement maternel peut influencer l’acceptation des aliments à des âges plus avancés. En effet, il peut modifier le développement de l’acceptation des saveurs puisque les flaveurs du lait maternel peuvent changer d’une tétée à une autre en fonction de l’alimentation de la mère. Par ailleurs, les comportements et l’environnement associés à l’allaitement diffèrent de ceux associés au biberon (allaitement à la demande, interactions mère-enfant, moindre contrôle par les parents des quantités ingérées). L’alimentation au biberon pourrait selon plusieurs études altérer les capacités d’autorégulation des prises alimentaires du nourrisson à court terme et cet effet persisterait jusqu'à l’âge de 6 ans.

La durée d’allaitement est associée à des habitudes alimentaires plus saines à 2 ans, à une consommation de fruits plus élevée sur la période 6-8 ans et à un régime alimentaire plus sain sur la période 2-8 ans.

Concernant l’âge de la diversification alimentaire, l’ANSES conclut qu’elle ne devrait ni débuter avant l’âge de 4 mois (pour éviter les risques d’obésité, d’infections, de maladie cœliaque ou d’allergies) ni après 6 mois (période à partir de laquelle le lait infantile ou les préparations infantiles ne permettent plus à eux seuls de couvrir les besoins nutritionnels du nourrisson), que l’enfant soit ou non à risque d’allergie alimentaire. Par ailleurs, une fois la diversification alimentaire commencée, l’introduction des allergènes majeurs (lait de vache, œuf, arachide) ne devrait pas être retardée.

Les besoins nutritionnels en lipides des enfants de moins de 3 ans sont supérieurs à ceux des adultes :

Au début de la diversification alimentaire, le lait doit rester la base de l’alimentation du nourrisson : 500 mL/ jour jusqu’à au moins 1 an puis 800 mL maximum après 1 an (pour limiter les apports en protéines). La quantité de lait doit par la suite diminuer progressivement entre 1 et 3 ans au profil des aliments solides.

L’apport en fer étant parfois insuffisant, l’ANSES recommande de proposer des aliments contributeurs en fer : légumes, viande, aliments enrichis en fer tels que les laits de croissance ou les céréales infantiles.

Pour limiter les apports en protéines, les quantités de viande, poisson et œuf devraient être de :

  • 10 g /j entre 6 et 12 mois
  • 20 g/j entre 1 et 2 ans
  • 30g/j entre 2 et 3 ans

Les apports en lipides étant insuffisants, il faudra ajouter des matières grasses dans les préparations maisons et les petits pots sans matières grasses (en les variant et en privilégiant celles riches en oméga 3).

Afin de couvrir les besoins en EPA et DHA, le poisson devra être consommé 2 fois / semaine en variant les espèces et les lieux d’approvisionnement (attention certains poissons sont à éviter pour les enfants de 0 à 3 ans).

Il faudra veiller à limiter la consommation de produits sucrés types bonbons, crèmes glacées, boissons sucrées, de produits frits, de sel et produits salés tels que les biscuits apéritifs ou les charcuteries afin de favoriser un régime alimentaire sain à l’âge adulte.

La consommation de certains aliments devra être évitée (aux vues des risques de contamination) :

L’ANSES recommande ainsi :

  • de répéter l’exposition des enfants à une variété d’aliments ;
  • d’introduire des aliments de texture non lisse à partir de 8 mois et pas après 10 mois ; d’accorder de l’importance au contexte du repas, notamment en évitant d’exposer les enfants aux écrans ;
  • de respecter les signaux de faim et de rassasiement de l’enfant, quel que soit son âge ;
  • de ne pas introduire de façon précoce les aliments riches en sucres, de type confiserie, boissons sucrées ou gâteaux et de limiter leur consommation afin de favoriser des habitudes alimentaires saines à l’âge adulte.

Par ailleurs, d’après une étude récente de la Commission européenne sur les aliments pour bébés disponibles sur le marché européen, quelques catégories d’aliments (notamment le groupe des biscuits et biscottes) peuvent contribuer à apporter des quantités considérables de sucres totaux aux enfants, soulignant l’importance d’établir des critères de teneur en sucres qui devraient être suivis pour que ces produits soient adaptés à la consommation des jeunes enfants. Ainsi, avant que la règlementation n’encadre la teneur en sucres des produits spécialement conçus pour les jeunes enfants, l’Anses recommande aux parents d’être vigilants sur la teneur en sucres des aliments qu’ils proposent à leur enfant.

Dans son rapport, l’ANSES conclut que la transposition des repères alimentaires proposés pour l’adulte dans le cadre de l’actualisation des repères PNNS à l’enfant, au prorata du besoin énergétique, permet globalement la couverture de leurs besoins nutritionnels.

De ce fait, les repères alimentaires pour les adultes constituent qualitativement des recommandations valables pour les enfants. Néanmoins les besoins énergétiques des enfants étant différents de ceux des adultes, il conviendra d’adapter les tailles de portions consommées. Chez le jeune enfant, la taille de portion servie devra être réduite par rapport à celle des adultes (à l’exception des aliments sources de fer et de calcium). Chez les adolescents, la taille de portion devrait être augmentée si nécessaire.

Des seuils d’apports en sucres ont été proposés par rapport à ceux de l’adulte (de 100g/j hors lactose et galactose) :

  • 4-7 ans : 60 g/j
  • 8-12 ans : 75 g/j
  • 13-17 ans : 100 g/j

Les apports en sucres étant élevés dans cette tranche de la population, 2 leviers prioritaires pour réduire les apports en sucres ont été identifiés :

  • Diminuer la consommation de boissons sucrées
  • Diminuer la consommation de pâtisseries/biscuits/gâteaux

Ces aliments fréquemment proposés au goûter, peuvent être substitués par des aliments moins riches en sucres totaux et qui s’avèrent ne pas être associés à la surconsommation de sucres tels que des produits laitiers natures, des fruits frais, des fruits  à  coque.

Des recommandations spécifiques visant à limiter des apports excessifs en sucres doivent être mises en place selon l’ANSES au vue de la situation nutritionnelle et des comportements alimentaires actuellement observés chez les enfants.  Compte tenu  des risques sanitaires liés à ces consommations, l’ANSES estime urgent de mettre en place des mesures efficaces visant à la diminution de la consommation de sucres totaux.

Par ailleurs, afin de couvrir les besoins en fer et calcium de l’enfant, les repères doivent être assortis de recommandations spécifiques sur les aliments "contributeurs" et la taille des portions consommées.

Comme pour les nourrissons, la consommation de certains aliments est à éviter selon les tranches d’âges :

Les femmes enceintes et allaitantes ont des besoins nutritionnels spécifiques. En effet, leur besoin énergétique est augmenté :

  • De 70 kcal/j au 1er trimestre
  • De 260 kcal/j au 2ème trimestre
  • De 500 kcal/j au 3ème trimestre et pendant l’allaitement

Certaines recommandations applicables à la population générale ne sont pas directement transposables pour les femmes enceintes ou allaitantes car les besoins en certains nutriments, notamment les vitamines A, B9, C, D, le fer et l’iode (vitamine A et C, spécifiquement pour les femmes allaitantes) peuvent ne pas être couverts par la seule augmentation de l’apport alimentaire.

Les apports en ces micronutriments peuvent être couverts en adaptant les recommandations générales à destination de la population adulte en faveur de certains aliments.

L’ANSES recommande par ailleurs aux femmes en âge de procréer de veiller à leur équilibre alimentaire sans attendre d’être enceinte afin d’assurer dès la conception un statut nutritionnel satisfaisant et compatible avec les besoins du fœtus et de la mère

 

L’ANSES recommande donc pour les femmes enceintes et allaitantes :

Certains aliments, du fait des risques de contaminations, sont à éviter durant la grossesse :

La population cible des femmes ménopausées et des personnes âgées est divisée en 4 groupes dans le rapport de l’ANSES :

  • Les femmes ménopausées de 51 à 59 ans
  • Les femmes ménopausées de 60 à 65 ans
  • Les femmes ménopausées de plus de 65 ans
  • Les hommes de plus de 65 ans

L’apport en protéines des personnes âgées devrait être :

  • pour les femmes ménopausées de moins de 65 ans : 0,83g/kg/j, soit 47,3g pour les 51-59 ans et 47,9g pour les 60-65 ans.
  • pour les hommes et les femmes de plus de 65 ans : 1g/kg/j, soit 65,1g pour les hommes et 55,6g pour les femmes.

Dans son rapport, l’ANSES conclut qu’il n’y a pas lieu de proposer pour les populations cibles des repères alimentaires différents de ceux proposés chez l’adulte. Néanmoins, certaines adaptations sont nécessaires pour une couverture de l’ensemble des références nutritionnelles.

Une augmentation du niveau d’activité physique permet de maintenir des apports énergétiques équivalents à ceux des adultes et donc la couverture de toutes les besoins nutritionnels. Un niveau d’activité physique suffisant est donc primordial pour toutes les personnes âgées.

Dans le cas où le niveau d’activité physique reste inchangé ou insuffisamment augmenté, l’apport énergétique et donc la tailles des portions devront être réduites par rapport à ceux de la population adulte afin de maintenir un bilan énergétique équilibré (sans trop diminuer les tailles de portions car les apports en EPA, DHA, vitamine C, fer, iode et zinc risqueraient de ne plus être couverts).

A ce titre, les sous-groupes d'aliments ci-dessous sont particulièrement intéressants pour les personnes âgées :

  • les légumes et fruits frais vecteurs de vitamine C, de fer, et dans une moindre mesure, de zinc
  • Les poissons gras et les autres poissons, mollusques et crustacés, vecteurs d’iode, d’EPA, de DHA et dans une moindre mesure, de zinc
  • Les produits céréaliers complets vecteurs de fer et de zinc

A la suite de ces avis, un rapport du Haut Comité de la Santé Publique (HCSP) et de Santé Publique France, va traduire les repères de l’ANSES en recommandations pratiques puis en messages sanitaires adaptés à chaque catégorie de population.

Certains aliments à risque sont à éviter pour les personnes âgées, personnes pour lesquelles le système immunitaire est affaibli :

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